Achi Chökyi Drolma est la principale Protectrice du Dharma (Dharmapāla) (1) de la lignée Drikung Kagyu du bouddhisme tibétain (2).
Arrière grand-mère de Ratnashri Jigten Sumgön, le grand Drikungpa, réincarnation de Nagarjuna et fondateur de la lignée Drikung Kagyu (dont elle prophétisa la naissance), elle fit le serment de protéger les Enseignements du Bouddha et tous les êtres qui l’invoqueraient.
Elle est également représentée dans l’arbre refuge Karma Kagyu sous le nom d’Achi Chödrön et se manifeste comme Dharmapāla et Dakini dans la vie du Tertön Nyingma Tsasum Lingpa.
Selon une prophétie du Tantra de Cakrasaṃvara, il est dit : « La principale Dakini Karma viendra dans la région de la grotte de Tidro à Drikung. Ce sera une manifestation (nirmanakaya) de Vajrayogini ».
Achi est inhabituelle dans la mesure où elle est à la fois une Protectrice du Dharma et un Bodhisattva éveillé qui peut être considéré comme un Yidam dans la pratique de la méditation.
Elle est généralement représentée assise sur un cheval bleu, ou debout, tenant un kapala dans la main gauche et un miroir dans la droite.
La pratique d’Achi est devenue si populaire qu’elle a été incluse dans d’autres lignées…
Vers le XIe siècle à Shoto dans la région de Drikung (Ü-Tsang), vivait une famille qui ne pouvait pas concevoir d’enfant. Le couple se rendit alors en pèlerinage un pèlerinage à Swayambhu au Népal. Ils prièrent avec ferveur et une nuit, Driza Dharzam rêvât qu’un soleil radieux apparaissait à l’est, rayonnait de lumière dans les dix directions et se dissipait dans son ventre, en émettant de la lumière qui éclairait particulièrement son pays natal. Dans la même nuit, son mari Nanam Chöwöpal rêvât qu’un chapelet de lumière blanche et claire émanait du Champ de Bouddha oriental et pénétrait dans le ventre de sa femme.
Au matin, ils évoquèrent leurs rêves et Nanam Chöwöpal dit : « Un fils spécial nous naîtra ; nous devrons faire très attention à nous jusqu’à la naissance de cet enfant ». Ils firent une offrande de Ganachakra (Tsok), de ferventes prières pour l’accomplissement de leurs souhaits et retournèrent à Drikung.
Le moment de la naissance arriva et une petite fille extraordinaire naquit au lieu-dit de Kyetrag Thang. De nombreux signes de bon augure se manifestèrent et de son corps émanaient des rayons de lumière blanche les plus purs.
Enfant, Achi récitait continuellement le mantra de Tara et dès l’âge de trois ans l’enseignât. Elle perdit ses parents très jeune et vécut avec son oncle. Elle grandit rapidement et était incroyablement belle.
Beaucoup voulaient l’épouser mais elle refusait tout prétendant, déclarant : « J’irai au Kham où vit un grand Yogi issu du noble clan de la race Kyura. J’épouserai ce yogi et nos enfants et leurs descendants seront des êtres extraordinaires qui bénéficieront à tous en diffusant l’Essence des Enseignements du Bouddha ».
Accompagnant un marchand, elle se rendit au Kham et partit à la rencontre du grand saint Ame Tsultrim Gyatso, à qui elle déclara : « Bien que je n’aie aucun attachement à la vie mondaine, si nous nous unissons, nos descendants porteront de nombreux êtres éclairés qui seront d’un grand bénéfice aux Enseignements du Bouddha ». Réticent de prime abord car ne souhaitant consacrer sa vie qu’au Dharma et ne possédant rien, il se laissa convaincre…
Le jour du mariage, Ame Tsultrim Gyatso n’avait aucun bien à offrir pour la cérémonie. Drölma lui dit de ne pas s’inquiéter : manifestant spontanément un Damaru et un Kapala, elle dansa, regardant le ciel. Immédiatement, la maison fut remplie de mets et breuvages les plus fins, de vêtements les plus riches, comblant de joie les invités.
Achi donna naissance à quatre fils : Namkhe Wangchuk, Pekar Wangyal, Sonam Pal et Kathung Trushi. Particulièrement intelligents, ils devinrent de grands érudits, tant au niveau mondain que spirituel. Pekar Wangyal eu à son tour quatre fils : Khenpo Dharma, Konchog Rinchen, Tsunpo Bar et Naljor Dorje, le père du grand Ratnashri Jigten Sumgon, le grand Drikungpa, réincarnation de Nagarjuna.
Plus tard, Achi déclara : « J’ai sciemment pris naissance dans le samsara afin de réaliser mes aspirations de protection des Enseignements du Bouddha et du bien-être de tous les êtres sensibles. Pour cette raison, j’accorderai les Siddhis ordinaires et Suprême à mes disciples ».
Elle conduisit alors ses fidèles dans une vaste grotte sacrée nommée Tingring, dont les parois sont ornées de nombreux Termas (trésors) et de statues spontanément manifestées de Bouddhas, Bodhisattvas, Yidams, Dakinis et Dharmapālas. Un cadavre humain fut emmené qu’elle transforma en une grande offrande de Tsok. Les Siddhis ordinaires et Suprême furent accordés à ceux qui prirent part à ce Tsok…
Elle composa ensuite le texte de sa propre Sadhana et s’engagea à protéger les Enseignements du Bouddha et les êtres qui l’invoqueraient à l’avenir.
Puis, déclarant : « Mes activités à travers ce corps ont pris fin », elle partit sans laisser son corps, sur son cheval bleu, pour la terre pure de Bouddha…
Source : Wikipedia
(1) Un Dharmapāla féminin est une caractéristique unique de la lignée Drikung.
(2) Drikung Kagyu est l’une des huit lignées « mineures » de l’école de bouddhisme tibétain Kagyu. « Majeur » fait référence ici aux lignées Kagyu fondées par les disciples immédiats de Gampopa (1079-1153), tandis que « mineur » fait référence à toutes les lignées fondées par les disciples du principal disciple de Gampopa, Phagmo Drupa (1110-1170). Un de ces disciples, Jigten Sumgön (1143-1217), est le fondateur de la lignée Drikung Kagyu.